Deux auteurs pour ce nouveau titre du domaine romanche des éditions Troglodytes : Dumenic Andry et Walter Rosselli. Deux poètes. Dont l’un traduit par l’autre.
Quel bonheur de réunir ici ces deux amoureux des mots et des langues, tous deux ouverts à l’œuvre d’autrui. A nouveau, dans ce cudeschin (petit livre, en romanche vallader) part belle est faite à la poésie : dix-huit textes aussi sobres que percutants, tirés du recueil sablun (Chasa editura rumantscha, 2017). « Matériel pauvre, comme le suggère Clà Riatsch dans sa lumineuse postface, refus des grandes formes et grands motifs poétiques (…). Sable : la fin d’un long processus d’érosion ». Juste métaphore pour la simplicité élémentaire de ces poèmes. Mais sous l’apparente banalité des choses évoquées, loin de tout clinquant, le mystère est surpris : « J’ai regardé le ciel étoilé/ J’ai vu filer un vœu. »
La version française de Walter Rosselli épouse étroitement le rythme et la mélodie du romanche de Dumenic Andry. Complicité annoncée par le titre où les deux langues sont jumelles, à deux voyelles près : Mal da terra, Mal de terre.
Les sept proses poétiques qui complètent cette mini-anthologie posent sur la réalité (le quotidien, la société, le monde comme il va) un regard décalé, humour et sagesse mêlés, et interrogent avec finesse et ironie le statut de l’écrivain.
Denise Mützenberg